Un habitat et des quartiers plus durables : des enjeux importants

La durabilité est un défi qui nous pousse à innover sans cesse. Mais il faut aussi valoriser des pratiques anciennes qui ont fait leurs preuves. Dans le domaine de l’habitat et de l’aménagement du territoire, il faut donc diffuser les nouvelles solutions et réhabiliter les approches traditionnelles.

L’une des stratégies les plus efficaces pour la durabilité est de partager des espaces, des biens et des services. En effet, en concevant un bâtiment avec une logique de partage, on peut réduire la surface des logements privés, limiter les équipements nécessaires et optimiser l’utilisation des ressources.

Le partage a aussi un avantage social, car il renforce le lien entre les habitants. C’est un aspect aussi crucial pour la durabilité que la performance du bâtiment. Mais comment se présente un bâtiment conçu dans cette perspective ? Le bâtiment peut offrir une chambre d’amis commune, une salle polyvalente, un toit terrasse avec un potager, une buanderie, etc. Tout ce qui peut être utilisé collectivement et solidairement est possible.

La mise en œuvre du modèle en Suisse

Ce modèle se développe de plus en plus en Suisse au sein des coopératives d’habitation participatives. Et il a de bonnes chances de se répandre davantage. Il est tout à fait adapté à la réalisation de logements à loyer modéré, qui répondent à des critères écologiques élevés et qui proposent une manière d’habiter plus solidaire. Le partage des éléments communs implique cependant que les habitants respectent des règles collectives strictes. C’est là un obstacle pour l’adoption du modèle par les acteurs principaux du secteur immobilier.

Contrairement aux coopératives d’habitation participatives, la plupart des autres acteurs de l’immobilier n’ont pas les compétences nécessaires pour mettre en place et suivre un tel mode d’organisation. Pour avancer vers la durabilité, et vu le potentiel des démarches basées sur le partage, il est souhaitable que les expériences se multiplient au-delà du milieu de l’habitat coopératif. Pour cela, par exemple, les sociétés et gérances immobilières publiques ou semi-publiques pourraient porter des projets pilotes et jouer un rôle d’impulsion.
À l’échelle du quartier, la recherche de durabilité se complique encore. Ce n’est pas en alignant des bâtiments certifiés que l’on fait un quartier exemplaire. Et les possibilités d’intervention urbanistique sont toujours limitées par les caractéristiques du contexte. Le concept d’écoquartier n’est pas à prendre comme un modèle à reproduire, mais comme une référence à viser.

Les qualités d’un quartier durable

Le quartier durable n’est pas une zone fermée sur elle-même. Il se connecte à la ville, s’adapte au tissu urbain, est dense, mixte et encourage une mobilité durable et la diminution du trafic individuel motorisé. L’écoquartier permet de réduire la consommation de ressources non renouvelables et vise une empreinte écologique minimale. Il respecte des exigences environnementales élevées. Notamment en matière d’énergie, de matériaux, de gestion des eaux, de biodiversité et de prévention des îlots de chaleur.

C’est un quartier qui favorise la mixité intergénérationnelle et sociale. Notamment en offrant des conditions qui garantissent l’accès au logement pour tous. Les espaces publics et les espaces verts sont suffisants et de qualité. En tant que lieux de détente et de rencontre, ils participent au lien social et à la convivialité. Le développement du quartier fait l’objet d’un processus participatif. Les futurs habitants et usagers, et ceux des quartiers voisins, sont associés le plus tôt possible. Ainsi, leurs besoins sont pris en compte et ils apportent leur expertise citoyenne.

Le rôle des collectivités

Pour une collectivité, le développement d’un tel quartier dépend de son niveau de maîtrise foncière dans le périmètre de réalisation. Lorsqu’elle est propriétaire du sol, la collectivité peut louer les terrains en droit de superficie. Cela signifie qu’elle accordera aux investisseurs intéressés le droit de construire sur ces terrains et de posséder les bâtiments réalisés pendant une période définie. Pour l’attribution des droits de superficie, la collectivité peut définir des critères et conditions. Ce qui constitue le moyen par lequel elle imposera les objectifs de durabilité qu’elle souhaite voir appliqués.
Le recours au droit de superficie favorise ainsi la diversité des bâtisseurs et la construction de logements d’utilité publique. Il permet également la prise en compte des enjeux environnementaux et énergétiques. Toutefois, si l’instrument est puissant, il n’est rien sans un patrimoine foncier qui s’étend suffisamment. Une politique foncière volontariste reste donc indispensable comme préalable au développement de quartiers intégrant des objectifs de durabilité vraiment ambitieux.